Le Maroc confie à la Chine un mégaprojet de dessalement à Casablanca : 548.000 m³ d’eau par jour pour sécuriser son avenir hydrique
Dans un contexte de stress hydrique exacerbé par des années de sécheresse, le Maroc accélère sa transition vers les ressources en eau non conventionnelles. Un contrat stratégique vient d’être signé avec la société chinoise Lipu Industry pour la réalisation d’une station de dessalement d’eau de mer d’une capacité de 548 000 m³ par jour, soit 200 millions de m³ annuels. Ce projet, situé à Lamharza Essahel (province d’El Jadida), près de Casablanca, s’inscrit dans une vision royale visant à porter la part du dessalement dans l’approvisionnement en eau potable à 40 % d’ici 2030 . Retour sur les détails de ce chantier phare et ses implications stratégiques.
Un projet structurant pour Casablanca et sa région
Localisation et enjeux
La future station de dessalement sera implantée dans la commune de Lamharza Essahel, à proximité de Casablanca, métropole économique du pays. Cette région, qui abrite près de 7 millions d’habitants, subit une pression croissante sur ses ressources en eau, notamment en raison de l’urbanisation rapide et de l’agriculture intensive. Le projet vise à sécuriser l’approvisionnement en eau potable et à irriguer 50 000 hectares de terres agricoles dès sa deuxième phase .
Capacité et calendrier
– Phase 1 (2024-2026) : Production de 548 000 m³/jour, avec une mise en service prévue fin 2026.
– Phase 2 (2026-2028) : Extension à 822 000 m³/jour, dont 50 millions de m³ supplémentaires dédiés à l’irrigation .
Budget et innovation technologique
Le coût total du projet est estimé à 6,5 milliards de dirhams (environ 600 millions de dollars). Il intègre une alimentation électrique majoritairement issue d’énergies renouvelables, alignée sur les ambitions marocaines en matière de transition écologique. La technologie d’osmose inverse, déjà éprouvée dans d’autres stations comme celle d’Agadir, sera privilégiée pour réduire les coûts énergétiques .
Lipu Industry : Un partenaire chinois expérimenté
La société Lipu Industry, affiliée à l’Académie chinoise des matériaux de construction, a été choisie pour son expertise dans les mégaprojets de dessalement. Elle a déjà réalisé des infrastructures similaires en Afrique et en Asie, combinant innovation technique et efficacité opérationnelle. Ce contrat renforce la présence chinoise au Maroc, où d’autres entreprises comme China Hailiang développent des usines à Nador (250 millions de m³/an) .
Une stratégie nationale ambitieuse
Le Maroc dispose actuellement de 15 stations de dessalement opérationnelles, produisant 192 millions de m³ annuels. Avec ce nouveau projet, le Royaume ambitionne d’atteindre 1,7 milliard de m³ d’eau dessalée par an d’ici 2030, soit une multiplication par dix de sa capacité actuelle . Parmi les autres projets en cours :
– Dakhla (37 millions de m³/an) : Opérationnelle dès 2025.
– Nador (250 millions de m³/an) : Deuxième plus grande usine du pays après Casablanca.
– Tiznit (350 millions de m³/an) : En phase d’étude pour renforcer la région du Souss-Massa .
Défis et perspectives
Si le dessalement apparaît comme une solution miracle, son coût énergétique et son impact environnemental (rejets de saumure) nécessitent une gestion rigoureuse. Le Maroc mise sur les partenariats public-privé (PPP) et les énergies renouvelables pour équilibrer ces enjeux. Le ministre de l’Eau, Nizar Baraka, rappelle que cette stratégie s’accompagne d’un plan de lutte contre le gaspillage et d’une « police de l’eau » pour réguler les prélèvements anarchiques .
Conclusion
Avec ce mégaprojet de Casablanca, le Maroc confirme son statut de pionnier africain dans la gestion durable de l’eau. En associant expertise internationale et vision locale, le pays se dote d’un outil essentiel pour affronter les défis climatiques et répondre aux besoins croissants de sa population. Reste à garantir que cette eau, symbole de résilience, soit accessible à tous, des centres urbains aux zones rurales reculées.
Réalisé: A.kali