Sécurité routière : le gouvernement lance un plan d’urgence estival face à la hausse inquiétante des accidents
Le ministre du Transport et de la logistique, Abdessamad Kayouh, a présidé, jeudi 3 juillet 2025 à Rabat, les travaux de la réunion du Comité permanent de la sécurité routière (CPSR), en présence du ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi. Cette session a été l’occasion de dresser le bilan définitif de l’année 2024 en matière d’accidents de la circulation et de valider le programme d’action d’urgence pour la période estivale 2025.
Selon les données communiquées, l’année 2024 a enregistré plus de 143.000 accidents de la circulation, soit une hausse de 16,22 % par rapport à 2023, causant la mort de 4.024 personnes (+5,37 %). La tendance s’est accentuée en 2025 : les cinq premiers mois affichent une augmentation de 21 % des décès et blessés graves comparés à la même période de l’année précédente.
Le ministre a mis en garde contre l’impact de la saison estivale, synonyme d’intensification du trafic, qui pourrait aggraver davantage cette situation préoccupante.
Un programme d’urgence à déploiement immédiat
Adopté à l’issue de la réunion, le plan d’action estival 2025 comprend un ensemble de mesures strictes :
Renforcement du contrôle de la vitesse sur tout le réseau routier,
Obligation du port de casques homologués pour les conducteurs de deux et trois-roues,
Surveillance accrue des autocars de transport public,
Répression des conduites acrobatiques par les brigades mobiles de la DGSN,
Généralisation des caméras fixes en milieu urbain et sur autoroutes pour une gestion automatisée des infractions.
Une nouvelle disposition contraignante sera également appliquée : le transfert de propriété d’un véhicule et le paiement de la taxe annuelle seront suspendus tant que les amendes routières ne sont pas réglées, en coordination entre NARSA et la Direction générale des impôts.
Dispositifs innovants et gouvernance renforcée
En marge de la réunion, plusieurs nouveaux équipements de contrôle ont été présentés :
Des radars autonomes tractables pour surveiller la vitesse dans les deux sens,
Des appareils de vérification du numéro de châssis,
Des dispositifs de mesure de la vitesse maximale des motocycles.
Par ailleurs, la réunion a acté la création d’un comité de veille, appuyé par un système de suivi régulier des actions de terrain, chargé d’identifier les contraintes d’application et d’y répondre rapidement.
Dans une déclaration à la presse, le ministre de la Justice a salué la synergie entre le gouvernement, la DGSN et la Gendarmerie Royale, et a mis en avant l’utilisation des nouvelles technologies dans le contrôle routier.
Un volet judiciaire important est également prévu : le ministère public adressera une circulaire aux procureurs généraux pour garantir le suivi rigoureux de l’application des lois liées à la sécurité routière. De plus, l’instauration d’un contrôle technique obligatoire pour les motocycles de plus de 50cc et l’audit des distributeurs de deux-roues sont désormais à l’agenda.
Enfin, une campagne nationale de sensibilisation – audiovisuelle, numérique et de proximité – accompagnera le déploiement du plan estival pour assurer l’adhésion du public et la prévention des comportements à risque.
La rencontre s’est conclue par la signature d’une convention-cadre entre l’Observatoire national de la criminalité (ministère de la Justice) et la NARSA. Ce partenariat vise à mutualiser les efforts en matière de collecte et d’analyse des données, de formation des acteurs, de suivi des comportements dangereux et de monitoring des infractions routières.