Gestion du risque sismique dans les projets de construction II

1 – Les paramètres du projet

L’expérience a montré que les études sismiques se présentent actuellement comme études préalables et nécessaires dans les grands projets de construction ou de montage (barrages, centrales thermiques, centrales nucléaires, etc.).

L’intérêt porté à ces études de sismicité intéressent aussi bien les concepteurs et maîtres d’ouvrages que les assureurs et réassureurs.

Toutes les méthodes d’analyse du risque sismique se basent sur les informations sismologiques et géologiques pour l’estimation d’une probabilité d’occurrence d’un séisme. Elles sont donc basées sur des théories probabilistes. Le but de ces méthodes d’analyse du risque sismique étant de déterminer d’une part l’implication de l’intensité maximale du tremblement de terre sur l’ouvrage considéré et estimer la probabilité d’occurrence du séisme d’autre part.

Or les ingénieurs concepteurs, conscients du caractère aléatoire de l’occurrence des tremblements de terre et leurs effets (généralement destructeurs) sur les structures d’ouvrages ; utilisent la modélisation mathématique tout en étant prudents de ne jamais excéder le séisme défini analytiquement : un certain nombre de paramètres caractérisant un tremblement de terre tels que la localisation, les contraintes et la durée sont généralement entachés d’incertitudes. Il est bon de rappeler que la modélisation mathématique n’est possible que si on part de certaines hypothèses simplificatrices du phénomène (vu son caractère aléatoire et donc non encore maîtrisé entièrement par les sismologues).

Toute analyse du risque sismique qui se veut « fiable » passe nécessairement par les étapes suivantes :

  1. Collecte des données sismiques, géologiques et néotectoniques disponibles sur la région étudiée et couvrant la période de temps la plus longue possible ;
  2. Localisation des sources sismiques et détermination de leurs caractéristiques ;
  3. Détermination des fréquences d’occurrence pour chaque source sismique prise séparément ;
  4. Établissement des lois d’atténuations des ondes sismiques ;
  5. Sélection et choix d’un modèle probabiliste adapté ;
  6. Établissement de probabilité d’occurrence des tremblements de terre pour un intervalle de temps donné ;
  7. Élaboration des cartes du risque sismique et des diagrammes de période de retour.

2 – La protection minimale recherchée

Vu le caractère encore imprévisible des séismes, on ne dispose en ces moments que de statistiques vécues dans des régions réputées pour ses secousses répétées. La protection recherchée vis à vis de la plus forte secousse envisageable dépend de la nature, de la destination ainsi que de l’environnement de l’ouvrage à construire. Elle ne sera donc pas la même pour des bâtiments d’habitation, des salles de spectacle, des hôpitaux ou certaines constructions dont la désorganisation peut être catastrophique pour les occupants et le voisinage. La notion de protection minimale est une caractéristique principale du projet parasismique et elle est spécifiée dans le règlement parasismique de chaque pays.

3 – Les méthodes de détermination de la sécurité

Les méthodes des EUROCODES reprises des conclusions du Joint Commitee on Structural Safety CEB-CEMC-FIB-IABSE-RILEM déterminent la durée de référence de la manière suivante :

La durée de référence est généralement prise égale à 50 ans, ou la durée de vie prévue de l’ouvrage si cette dernière excède 50 ans. C’est pour cette raison qu’en absence de données fiables sur les périodes de retour des séismes, les assureurs prennent comme fréquence moyenne 50 ans.

A notre avis cette période de retour de 50 ans peut être retenue pour des ouvrages simples tels que des immeubles. Par contre pour des ouvrages de génie civil plus important, une durée de 100 ans nous parait un minimum.

Mohamed Jamal BENNOUNA
Ingénieur ESTP Expert MRICS et Docteur en Droit
Professeur associé au CNAM – Paris
Professeur associé à l’Université Internationale de Rabat – École d’architecture
Email : [email protected]
vous pourriez aussi aimer
Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.