CONSTRUIRE SA PROPRE MAISON COMMENT RÉUSSIR CE PROJET DE VIE (2éme partie)

Choix des entreprises

Trouver de bonnes entreprises pour réaliser les travaux et choisir celles dont les prestations apportent la satisfaction en termes de qualité, prix et délai n’est pas une chose aisée, même si cela peut paraître simple à première vue, surtout que l’enjeu est conséquent du fait que tout manquement à ce niveau risque de couter très cher. Dans le domaine du bâtiment, on retrouve les petites, les moyennes et les grandes structures. Ainsi, les offres si variées compliquent la tâche de repérer le prestataire idéal. En effet, une société trop petite est en général avantageuse du point de vue financier. En outre, son propriétaire est souvent lui-même l’interlocuteur direct et c’est un précieux atout, favorable à l’installation rapide d’un rapport de confiance. Cependant, son aptitude à respecter les échéances et livrer un ouvrage conforme reste à prouver. En revanche, une grande entreprise peut s’avérer excessivement onéreuse à cause de ses frais de fonctionnement. Il convient donc, tout d’abord, de faire une évaluation du besoin et du délai d’exécution afin d’apprécier l’ampleur de la tâche. Pendant cette phase, il est essentiel de tenir compte des éventuelles difficultés liées à la complexité des formes, l’utilisation de matériaux ou procédés spécifiques, la masse des travaux, le degré d’exigence en termes de qualité et de sécurité et les grandes hauteurs sous plafond. La rencontre d’au moins trois entrepreneurs, voire plus est indispensable, en vue de leur présenter le projet et les délais car les contacts téléphoniques ne sont pas suffisants. Cette démarche est, d’ailleurs, en mesure de leur permettre d’affiner les devis au maximum. Ces premiers entretiens jouent un rôle majeur, non seulement pour la bonne compréhension des attentes, mais encore, afin de s’assurer de leur capacité à y répondre ainsi que leur maîtrise technique du sujet en les interrogeant sur leurs méthodes et procédures d’exécution. Il est important de comprendre toutes les étapes et les phasages à l’avance pour, d’une part, évaluer au mieux la façon dont est détaillé le devis et, de l’autre, déceler les plus fiables et expérimentés. Dans tous les cas, rien ne peut remplacer une enquête sur leur réputation et solvabilité, dans l’objectif d’éviter des déconvenues, en observant leurs réalisations et en vérifiant leurs références notamment celles qui sont similaires au projet. Le bouche-à-oreille est aussi un excellent moyen de s’en informer. D’ailleurs, lorsque les anciens clients recommandent ou jouent les prescripteurs c’est souvent parce que le travail est bien fait. Néanmoins, une vigilance particulière est nécessaire étant donné que les exigences ainsi que les complexités varient d’un projet à l’autre. De plus, la qualité et le rendement dépendent grandement des ouvriers eux-mêmes, il suffit donc de tomber sur un maçon moins bon pour que la déception se mette en place. Les devis doivent être analysés attentivement en prêtant attention aux contradictions entre les différentes propositions et en se méfiant des offres trop basses parce qu’elles cachent souvent de mauvaises surprises ; même si le prix est un grand critère, il ne doit pas être le plus important. En résumé, quel que soit le choix retenu, il est vivement recommandé d’opter pour une société qui dispose d’un bureau bien établi, de prendre suffisamment de temps pour réfléchir et de ne surtout pas signer de contrat dans la précipitation.

Lots séparés ou entreprise générale ?

Avant tout commencement, la première formule envisageable consiste à opter pour une entreprise générale qui dispose d’une équipe complète pluridisciplinaire en vue de prendre en charge la globalité des travaux et surtout coordonner l’ensemble des corps de métiers nécessaires, ce qui apporte une simplification considérable des démarches à accomplir, une optimisation du suivi technique, une meilleure organisation de l’ordonnancement ainsi qu’un gain en délai car les différentes équipes sont habituées à travailler ensemble. Le prestataire demeure le seul interlocuteur jusqu’à la livraison du produit fini même dans le cas où il sous-traite les autres corps d’état, assure un accompagnement professionnel et personnalisé, tient compte des suggestions, adapte ses prestations en fonction du besoin, reste garant de la qualité et du respect du planning étant donné que toutes les prestations sont intégrées dans un planning d’ensemble et endosse la totale responsabilité sur les plans juridique et civil pour la réparation de toutes les éventuelles malfaçons. Les tâches sont donc bien cadrées puisque tout est pris en charge. La deuxième possibilité qui s’offre est de lancer les différents lots séparément en les attribuant à des entrepreneurs spécialisés chacun dans son domaine. Cette manière de faire permet d’établir un contact direct avec ces intervenants, mieux les sélectionner, bien négocier les prix et aide à réaliser des économies. Elle donne lieu, en outre, à une grande souplesse au niveau de la planification en fonction du budget disponible. Il est alors possible d’observer un répit à l’achèvement du gros œuvre et prendre suffisamment de temps dans l’objectif de se procurer du financement nécessaire aux lots du second œuvre. En revanche, elle requière de la disponibilité et des notions dans le domaine du bâtiment. Le choix entre ces deux variantes dépend des compétences techniques en BTP, besoins et de l’amour de mettre la main à la pâte.

Avec ou sans fourniture ?

Quel que soit la formule retenue, la prise en charge des matériaux permet de se faire une économie sur le coût de la fourniture puisqu’elle est achetée directement chez les fournisseurs sans aucun intermédiaire. Sa gestion peut, toutefois, constituer un véritable casse-tête à cause des risques de vols, qui sont plus fréquents qu’on ne le croit, notamment avec la flambée du cours de certaines matières premières, et qui peuvent avoir lieu sur chantier notamment en ce qui concerne les articles facilement démontables et dissimulables comme c’est le cas pour les appareils électriques, la robinetterie, les luminaires, les câbles électriques et la quincaillerie. Par ailleurs, les prestataires deviennent peu soucieux sur la consommation des matériaux puisqu’ils ne sont ni gagnants dans le cas d’une optimisation ni perdants quand il s’agit d’une surconsommation. Ils peuvent ainsi se permettre de commander des quantités sans calcul précis du besoin exact ou en prévoyant intentionnellement un surplus par précaution, menant alors au gaspillage des ressources non utilisées. Jaouad, un marocain âgé de 40 ans avait pris la décision de construire sa propre villa en prenant en charge la fourniture des matériaux mais à la fin des travaux, il s’est retrouvé avec un excédent considérable de carrelage pour avoir fait confiance aux calculs communiqués par son carreleur. En outre, une livraison précoce des matériaux est en mesure d’entraîner leur dégradation et les rendre inutilisables, à cause des conditions météorologiques, la circulation des engins ou toute autre raison, notamment lorsque la durée de conservation est prolongée ou les conditions de stockage ne sont pas convenables. Certes, un stock est indispensable afin d’assurer le bon déroulement du projet, mais il doit être restreint au strict minimum dans le but d’éviter le gaspillage. En particulier, les sacs de ciment peuvent rapidement devenir inexploitables si les conditions d’entreposage ne sont pas adéquates ou si le climat est trop humide. Aussi, les stocks des agrégats et du tout-venant risquent d’être contaminés et donc de devenir inemployables. Similairement, les tas de sable en manque de couverture ou d’humidification sont susceptibles de se disperser sous l’effet d’un vent fort. De surcroît, pendant la mise en œuvre ou lors de l’approvisionnement, les blocs d’agglos et les matériaux de revêtement livrés en palettes peuvent être cassées sans que le constat ne soit fait au bon moment. De plus, des erreurs liées aux problèmes de coordination entre les intervenants occasionnent souvent des reprises de travaux. De ce fait, entre les quantités livrées et celles réellement mises en œuvre, il se dégage souvent des écarts. Pour y remédier, il est recommandé de négocier des contrats comprenant la pose et la fourniture, cette dernière est livrée par le propriétaire lui-même et son prix est bien précisé dans les clauses. Autrement dit, le client se transforme en fournisseur exclusif et unique mais dans le même temps, le coût des matériaux est inclus dans les factures des prestataires après déduction des frais des articles livrés par le maître d’ouvrage. Tout gaspillage, perte, vole ou casse est ainsi indirectement imputé aux entreprises. En somme, la prise en charge de la fourniture est une scie à double tranchant, elle présente une opportunité pour diminuer le coût global mais peut vite tourner en cauchemar si sa consommation n’est pas bien gérée.

Au forfait ou au métré ?

Le marché est dit au métré lorsque les prestations sont facturées par application de prix unitaires aux quantités réellement exécutées. En effet, même si ce type de contrats présente l’avantage de permettre un démarrage immédiat, il nécessite une bonne maîtrise des études de prix et une définition précise des descriptifs. Par ailleurs, il est dit au forfait quand le prix total comprend les coûts de la main-d’œuvre, des matériaux, de la location du matériel et de toutes les charges nécessaires à la bonne réalisation de l’ouvrage suivant les plans et le devis détaillés, moyennant une rémunération fixe même en cas d’imprévus. Ce genre d’approches est couramment adopté vu qu’il est facile à mettre en place et permet au client de se protéger des aléas probables et de connaître le montant global à l’avance parce que, à la signature, le prix n’est plus modifié quels que soient les coûts. En revanche, ce type de marchés s’avère plus coûteux et toute demande de modification, par le client peut être considérée comme un travail supplémentaire et doit faire l’objet d’une négociation entre les deux parties, si elles ne s’entendent pas, des retards risquent d’être engendrés.

En guise de conclusion, construire sa maison est une véritable source d’accomplissement contrairement à l’achat d’un logement déjà existant mais comme on n’édifie en général qu’une seule habitation dans la vie, aucun droit à l’erreur n’est donc permis et la première doit forcément être la bonne. Par conséquent, pour concrétiser ce rêve, il est parfois préconisé de se faire accompagner par un professionnel ou par des amis ou des membres de la famille qui ont de l’expérience en la matière. Aussi, la réception des travaux est un moment crucial à ne pas négliger, en vue de s’assurer de la conformité de l’exécution. Par ailleurs, le moment de démarrage doit être soigneusement choisi non seulement en fonction de l’âge, les préoccupations, le besoin et le désir mais encore, suivant les saisons de l’année. La meilleure période est le printemps car le climat n’est pas trop chaud et offre largement de temps pour tout achever avant l’arrivée de l’hiver. Ce raisonnement change évidemment suivant les propriétés locales. A Conakry par exemple, la capitale Guinéenne, le climat est tropical et caractérisé par deux saisons seulement ; une période sèche et plusieurs mois de pluies fortes. Il est dans ce cas recommandé de commencer les travaux au début de la saison sèche.

 

Abdelhak EL MOULI: ingénieur d’état en génie civil, lauréat de l’Ecole Mohammadia des Ingénieurs

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