Protection des migrant-e-s au Maghreb à l’heure du Covid19 : Du contrôle à la fermeture, des frontières.

 

Trente années sont passées, depuis le 18 décembre 1990, date à laquelle  l’Assemblée Générale des Nations Unies a adopté « La convention internationale de protection des droits des travailleurs migrants et des membres de leur famille », l’instrument juridique phare des NU destiné à renforcer les droits humains aux personnes migrantes.

Si depuis ce temps, les pays riche et certains pays sud ne l’ont pas encore ratifié, certains pays pourtant pourvoyeur de migrants et de travailleurs migrants, et qui avaient défendu auparavant bec et ongles la promulgation de ladite Convention, refusent à ce jour de la transposer dans leurs lois nationales, et paradoxalement, ils opèrent le plus souvent une politique anti-migratoire sur leur propre territoire, envers les ressortissants de leurs pays voisins et frontaliers.

Cette convention dont l’approche est fondée essentiellement sur les droits reste pourtant le meilleur instrument de protection du ressortissant maghrébin installé en dehors de son pays, et de tout travailleur migrant qui s’installe dans les pays du Maghreb. 30 années ça équivaut aussi à des dizaines de milliers de migrants qui ont transité le Maghreb dans la souffrance, de plusieurs milliers d’émigrants qui l’ont quitté dans la peur et un nombre indéterminé  de drame et de décès en mer et au désert.

A la fermeture de certaines frontières terrestres, au creusement des tranchées profondes, à l’édification des grillages barbelés et à la militarisation aux seuils des frontières, s’est ajouté à cela à cause de l’épidémie du Coronavirus, la fermeture totale des frontières entre les pays et cette situation perdure depuis plus de 9 mois. Si les mesures barrières de lutte contre le covid19, dont le confinement et l’interdiction  de circulation des personnes exaspèrent les ressortissants, qu’en est-il dans ce cas, pour les travailleurs migrants en situation précaire.

Nous, associations et organisations signataires, appelons à l’occasion de cette journée internationale des migrantes et migrants à :

·         La ratification de tous les Etats de la convention de protection des travailleurs migrants et leur famille, ainsi que le respect des modalités de son application ;

·         La mobilisation mondiale pour que les politiques de militarisation et d’externalisation des frontières, responsables de milliers de morts, s’arrêtent immédiatement ;

·         Ce que les gigantesques moyens financiers mis à la disposition des programmes de surveillance et de contrôle des frontières soient affectés à un accueil digne des personnes réfugiées, migrantes, demandeurs et demandeuses d’asile.

·         Ce que la liberté de circulation et d’installation soit mise en œuvre à travers le monde et qu’elle ne soit pas un privilège en sens unique en faveur des riches.

A l’attention des autorités des Pays du Maghreb, nous appelons :

·         A l’arrêt des expulsions et des refoulements aux frontières des migrants;

·         A l’ouverture des frontières y compris terrestres, aussitôt que les conditions sanitaires le permettent ;

·         A cesser tout amalgame des migrations et du terrorisme, comme vient de le faire le Chef du gouvernement de la République tunisienne dont nous condamnons avec vigueur les propos.

·         Au rejet de l’alignement des pays du Maghreb sur les politiques de fermeture et d’exclusion de l’Union européenne.

·         A l’élaboration d’une politique migratoire commune;

·         A la concrétisation de l’Unité Maghrébine dans toutes ses dimensions.

Le Comité de suivi du Forum Social Maghreb

L’Observatoire Maghrébins des Migrations

Communiqué

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