«Villes sans bidonvilles», un programme qui tourne au ralenti

   Le 24 juillet 2004, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a donné le coup d’envoi au programme «Villes sans bidonvilles» : une impulsion nouvelle dans la lutte contre l’habitat insalubre qui est devenue désormais une des priorités nationales. Jusqu’à ce jour, les différents gouvernements qui se sont succédé n’ont pas pu venir à bout de ce type d’habitat insalubre. Quelques villes, notamment les plus grandes, sont encore gangrénées par les bidonvilles.

Après une année 2020 marquée par les répercussions de la crise sanitaire sur l’état d’avancement des différents chantiers d’habitat, l’actuel gouvernement est attendu de pied ferme en 2021 pour accélérer la cadence de ce programme. Sa mise en œuvre tourne au ralenti. Selon les derniers chiffres annoncés devant les députés par Nouzha Bouchareb, ministre de l’Aménagement du territoire national, de l’urbanisme, de l’habitat et de la politique de la ville, sur les 451.816 ménages recensés, seuls 64% ont vu leurs conditions de vie s’améliorer. Nombre de députés pointent du doigt le mode de gouvernance de ce programme et la lenteur de son rythme d’exécution.

Par ailleurs, les objectifs du programme ont connu des changements répétitifs, les délais n’étaient pas respectés, et les villes étaient déclarées «villes sans bidonvilles» sans remplir toutes les conditions. C’est ce qui ressort du rapport de la Cour des comptes, qui a noté que la programmation manque de précision, avec l’absence d’établissement des responsabilités des acteurs, la faiblesse des instances de gouvernance, ainsi que des dysfonctionnements au niveau du suivi et de l’évaluation du programme.

Pour information, le coût du programme est pris en charge par une combinaison de subventions de l’État, de recettes provenant de la vente d’autres produits réalisés dans le cadre des projets intégrés comme la vente de lots commerciaux, ainsi que de la contribution des ménages bénéficiaires. Toutefois, la plupart de ces derniers n’arrivent pas à mobiliser le financement d’une partie du coût du bien en raison de leur vulnérabilité et de la difficulté d’accès au crédit bancaire.

Le financement des partenaires (Direction générale des collectivités territoriales, collectivités territoriales, Initiative nationale de développement humain, etc.) reste également limité et ponctuel. Ce qui rend difficile sa mobilisation.

Quant au Fonds solidarité habitat et intégration urbaine (FSHIU), cet organisme a été dévié de son objectif initial de résorber les bidonvilles pour financer d’autres programmes (habitat non réglementaire, politique de la ville…). L’effort financier de ce fonds entre 2021 et 2023 dédié au programme VSB est jugé insuffisant par rapport aux besoins constatés. Il s’agit principalement de la poursuite des opérations en cours de réalisation, et dont les crédits de consolidation se chiffrent à 885 MDH.

Il s’avère donc indispensable d’agir sur l’offre en proposant des solutions variées à même de répondre aux besoins des différents segments de ménages tout en prenant en compte leurs moyens financiers réels. Par ailleurs, le changement d’approche s’impose pour rendre transparentes les conditions d’éligibilité au programme.

 

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