PLAN DE RELANCE.. Élaboration d’un guide de recommandations sanitaires pour l’industrie du béton

ENTRETIEN AVEC MOHAMMED ALI EL HIMMA PRESIDENT DE L’AMIB

Le secteur du bâtiment marocain n’a pas échappé aux effets de la pandémie du nouveau coronavirus qui continue de sévir dans le monde entier. Quelle est la situation actuelle du secteur et qu’attendent les professionnels de l’Etat ? Le président de l’Amib, Mohammed Ali El Himma, a bien voulu répondre à ces questions et autres.

1-Quelle est la situation du secteur du bâtiment en cette période de confinement ?

Le secteur du bâtiment a particulièrement été touché par la pandémie Covid-19 et a subi une baisse d’activité évaluée à plus de 70% selon les régions. Déjà le secteur souffrait avant même le confinement de beaucoup de problèmes sectoriels à savoir : le manque de relance de l’activité immobilière, la baisse de la commande publique, l’augmentation des délais de paiement et surtout des impayés.

Le ralentissement de l’activité du secteur du bâtiment en général et de l’industrie du béton par conséquent a atteint des proportions historiques en avril et début mai, vu que notre activité est fortement liée au démarrage des chantiers,

Nous espérons une réouverture progressive des chantiers dans les semaines à venir, sous réserve d’un respect rigoureux des mesures de sécurité sanitaire. Il y a déjà pas mal d’entreprises qui ont essayé de revenir à l’activité avec un rythme «normal», mais elles se heurtent principalement au manque de mains-d’œuvre qui sont dans l’incapacité de retourner à cause de l’interdiction du déplacement entre villes.

Notre crainte c’est dans le prolongement du confinement, la trésorerie en prend un sacré coup du fait du manque de liquidité ainsi qu’au nombre impressionnant d’impayés.

2-Quel est le taux de chômage partiel causé par le Covid-19

L’arrêt d’activité a causé une perte considérable d’emplois, qui s’élève à plus de 50 %. Et étant le secteur qui compte le plus d’emploi direct ou indirect, on commence à parler d’un effroyable nombre d’emplois menacés à six chiffres.

Pour la plupart de nos industriels, beaucoup d’efforts sont à souligner et encourager, comme le maintien des salaires, versement des congés payés et le maintien du plus grand nombre d’emplois en mode télétravail.

Certes cette situation ne pourra pas durer longtemps vu la charge que cela représente sur les finances des entreprises.

3-Qu’attendez-vous de l’Etat en cette période?

En un mot, «SOUTIEN». Nous vivons une situation extrêmement délicate, on doit mesurer les dommages causés à notre tissu économique, voir et prévoir l’étendue des dégâts et ne pas attendre le futur pour le vivre mais plutôt le préparer.

En d’autres termes, on ne va pas attendre la fin du confinement, l’ouverture des tribunaux pour se retrouver face à des multitudes de demandes de plan de sauvegarde ou carrément des redressements judiciaires et on aurait tout simplement déplacé le problème ; vaut mieux prévenir que guérir.

Il faut faciliter l’activité «normale» de l’entreprise, et ce, par la relance au plus vite de la commande publique, l’autorisation du rapatriement des ouvriers aux chantiers, la relance du secteur de l’immobilier par des mesures d’encouragement à l’acquisition des biens immobiliers et une nouvelle politique de la promotion de l’habitat, l’ouverture du trésor public pour libérer les paiements des entreprises et les retenues de garantie, la facilitation à l’accès aux mécanismes des Contrats Spéciaux de formation pour permettre aux entreprises d’accéder aux Remboursements des plans de formation déjà accordés et réalisés d’une part, et d’autre part encourager les entreprises à se préparer à cette nouvelle configuration des réalités économiques sur le plan organisationnel et développement des compétences.

4-Quel est votre plan d’action pour une reprise pérenne de l’activité?

Aucun plan d’action d’une manière unilatéral d’une profession ne peut être mené pour prétendre faire un plan de relance, il faudra surtout parler d’un plan d’action d’un écosystème et de toute une économie nationale.

De notre part, et avec notre Fédération de l’industrie des matériaux de construction (FMC) en concertation aussi avec toutes les associations professionnelles et les acteurs économiques du secteur, nous avons dressé des recommandations pour préparer le plan de relance. Je peux citer quelques points que nous avons préconisé : Redémarrage des plateformes logistiques (revendeurs, distributeurs…) ; Facilitation des déplacements des personnes (commerciaux, recouvrement, etc.) à travers le territoire national ; Mise en place d’un mécanisme de garantie du risque crédit client via des organismes nationaux (CCG, Banques, assurances) ;

Déblocage des encouragements prévus dans les écosystèmes des matériaux de construction pour les industriels qui ont déjà réalisés leurs projets ; Suspension des importations, en 2020 et 2021, de tous les produits fabriqués localement et obligation d’utilisation des produits locaux à tous les secteurs bénéficiaires du soutien de l’état (en autres les promoteurs immobiliers) ; Baisse substantiellement du taux d’intérêt appliqué par les banques ; Renforcement du contrôle normatif et qualitatif des produits utilisés dans le cadre du bâti ;…

5-Mot de la fin

«CROIRE QUE CETTE EXPÉRIENCE NOUS RENDRA PLUS FORT»

Nous rassurons les acteurs du secteur du bâtiment et travaux public que nous avons une industrie des matériaux de construction forte et capable de faire face aux demandes de notre marché interne et nous ferons tout notre possible pour accompagner les entreprises dans le démarrage de leurs chantiers.

Il faut se mettre en tête qu’il va falloir travailler doublement pour essayer de récupérer le retard. Pour moi la pandémie est une leçon de vie, une leçon d’humilité qui nous pousse à revoir notre style de vie, nos habitudes et surtout nos évidences.

K. FAKHIR

 

 

 

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