Mesures bancaires pour les ménages.. Les explications du directeur exécutif d’Attijariwafa bank

Les banques sont au cœur du dispositif de soutien et de relance mis en place par le gouvernement pour faire face à la crise liée au Covid-19 sur le plan social et économique. Pour les ménages, les banques assurent le report des échéances de crédits bancaires. Une mesure qui suscite un long débat : qui est éligible au report des échéances et qui ne l’est pas ? Quelles sont les mensualités concernées ? Les banques facturent-elles le report aux emprunteurs ? Quelle procédure suivre ? Les réponses à ces questions sont apportées par Driss Maghraoui, directeur exécutif en charge du marché des particuliers et des professionnels à Attijariwafa bank dans un article publié au site Medias24.

Selon ce dernier, le non-encaissement d’échéances de crédits n’est pas aussi anodin qu’on le pense sur la trésorerie des banques, puisque celles-ci doivent elles-mêmes faire face à des coûts de refinancement sur cette même période.

«Aujourd’hui s’il n’y avait pas le soutien et le refinancement de la Banque Centrale, les banques auraient été impactées dans leur gestion actif-passif par un report d’échéances massif», souligne Driss Maghraoui. «C’est pour cela que les reports d’échéances dans tous les pays du monde se font sur la base de demandes qui sont étudiées pour en examiner la pertinence et l’opportunité avant d’être acceptées ou refusées», ajoute-t-il.

De quoi s’agit-il ? La mesure du CVE porte sur le report des échéances des crédits à la consommation et des crédits immobiliers sur la période allant de mars à juin 2020 (quatre échéances au maximum).

Ceux qui peuvent en bénéficier ? Ce sont les particuliers dont les revenus ont été affectés temporairement (baisse drastique ou arrêt) du fait de l’état d’urgence sanitaire. Cela concerne les salariés, les MRE, les TPE qui ont la forme juridique de personne physique et les personnes exerçant une profession libérale. «Les 950.000 salariés affiliés à la CNSS et déclarés en arrêt temporaire d’activité par leurs employeurs représentent un exemple des personnes prioritaires qui doivent bénéficier du report», illustre M. Maghraboui

Au contraire, Les personnes dont les revenus n’ont pas été affectés (une baisse de 10% du revenu, par exemple, n’est pas considérée comme significative), ne sont pas éligibles.

«S’il n’y a aucune raison majeure valable pour le report, pourquoi l’accorder ? Cela ne serait bénéfique ni au client, ni à l’économie. Tous les salariés dont les salaires ont été maintenus durant cette période sont dans cette catégorie», précise-t-il.

Concernant les cas particuliers, ils sont étudiés individuellement. Il peut s’agir par exemple d’un ménage qui a un crédit immobilier contracté par le couple (au nom des deux conjoints), dont l’un des membres a subi une perte ou une baisse du salaire et l’autre pas. D’autres cas peuvent se présenter. «Pour les cas particuliers des personnes non éligibles, les banques peuvent étudier leurs demandes en dehors du dispositif décidé par le Comité de veille économique, comme cela se fait en temps normal», affirme le directeur.

A propos de la procédure, M. Maghraoui indique : «Au niveau du groupe Attijariwafa bank, nous avons mis en place une batterie d’outils pour permettre de recevoir et de traiter les demandes de report avec toute la fluidité et la célérité requises». Et d’ajouter : «A travers le canal digital, le client remplit un formulaire en ligne qui est traité par les équipes avec toute la diligence qu’il faut. Ce canal digital est rapide, fluide et disponible 24h/24 et 7j/7, et évite au client de se déplacer en agence.

La réponse est communiquée aux clients par SMS», faisant observer qu’«un simulateur (déjà disponible au niveau des agences) est en train d’être installé en ligne pour permettre au client de savoir en toute transparence quel sera l’impact financier éventuel du report demandé. Son choix parmi les options possibles sera donc fait en toute tranquillité, dans la transparence et la clarté».

Les intérêts intercalaires

Le CVE a pris lors de sa dernière réunion une décision importante : tous les crédits immobiliers de moins de 3.000 DH de mensualité TTC/assurance comprise, et tous les crédits à la consommation de moins de 1.500 DH de mensualité TTC/assurance comprise, bénéficieront d’un report sans aucun impact sur la mensualité, et donc sans aucun coût à supporter par le client.

«Concrètement, pour un client qui paie aujourd’hui 1.400 DH de mensualité de crédit à la consommation, nous allons lui effectuer le report de 4 mois, sans aucun impact sur le montant qu’il paie. Les 4 mensualités de report seront simplement rajoutées à la fin de la durée. C’est un décalage dans le temps qui permet au client de dépasser cette période difficile.»

«Au niveau du groupe Attijariwafa bank, les premières études montrent que 70% des crédits immobiliers et 65% des crédits à la consommation ont des mensualités inférieures à ces seuils».

«Cela veut dire que cette mesure bénéficiera à une large majorité de ménages aux revenus modestes mais aussi appartenant aux classes moyennes».

« Avec un crédit immobilier de 3.000 DH et un crédit à la consommation de 1.500 DH, on est déjà à 4.500 DH de traites. Ce niveau d’endettement n’est accordé qu’aux clients qui ont un revenu mensuel de 10.000 Dh environ, ce qui correspond à la fourchette haute de la classe moyenne telle que définie par le HCP.

Par exemple, un crédit à la consommation de 90.000 DH sur 7 ans avec un taux d’intérêt de 6.5% TTC donne une mensualité inférieureà1500 dh. Donc il faut avoir un crédit de plus de 90.000 DH pour ne pas être éligible à la gratuité des intérêts intercalaires».

«De même, un crédit immobilier de 450.000 DH sur 20 ans avec un taux d’intérêt de 5% TTC donne une mensualité inférieure à 3000 DH».

«Avec la pression psychologique du confinement, le fait d’accorder le report des échéances, qui peut être considéré comme un nouveau financement et qui plus est gratuitement à une large frange des emprunteurs, constitue un facteur d’apaisement pour les ménages qui les encouragera davantage à respecter l’état d’urgence et le confinement dans la sérénité», précise M. Maghraoui.

Pour ceux qui ne sont pas éligibles à la gratuité des intérêts intercalaires, ils devront choisir entre deux options au moment de la validation du formulaire de demande :

– Ajouter à la durée de remboursement une période équivalente au nombre d’échéances reportées. A ce moment-là, la mensualité sera augmentée des intérêts intercalaires, la plupart des cas de quelques dizaines de dirhams.

– Ajouter à la durée de remboursement une période supérieure (correspondant aux intérêts intercalaires) au nombre d’échéances reportées pour garder la même mensualité.

Une troisième option est possible : terminer le crédit à l’échéance prévue initialement, mais dans ce cas les mensualités subiront une augmentation plus ou moins conséquente. «La majorité des demandeurs optent pour l’option de l’allongement de la durée car ils raisonnent budget», affirme le directeur.

Les mesures mises en place par Attijariwafa bank pour les non éligibles au report

«Pour ceux qui ne sont pas éligibles au report des échéances de crédits, le groupe Attijariwafa bank offre un ensemble complet de solutions pour soulager la trésorerie de ces ménages en ces temps difficiles, présentés sous forme d’étages en fonction des besoins».

«Ces clients qui ont maintenu leur revenu et qui ont malgré tout une tension dans le budget de leur ménage (payer la scolarité des enfants, aider la famille, des imprévus…), peuvent bénéficier de :

– Un découvert pouvant atteindre 100% du salaire, destiné aux fonctionnaires et aux salariés des grandes entreprises (GE) ;

– Un crédit d’urgence “Crédit Amane” remboursable sur 12 mois, au taux très attractif de 5.5% et sans frais de dossier, pour un montant équivalent à 3 mois de salaire.  Il est également destiné aux fonctionnaires et aux salariés des grandes entreprises (GE) ;

– Enfin, un Crédit à la consommation de montant important selon les conditions en vigueur, avec une période de différé de 3 mois», conclut Driss Maghraoui.

K. FAKHIR

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