À Oujda, le Conseil du bassin de la Moulouya en ordre de bataille face à la crise de l’eau
Gouvernance, coordination, anticipation : telles sont les priorités que se fixe le Conseil du bassin hydraulique de la Moulouya, réuni jeudi à Oujda sous la présidence du Wali de la région de l’Oriental, Khatib El Hebil. Placée sous le thème « Gouvernance des ressources en eau dans le bassin de la Moulouya : gestion de la rareté hydrique face aux changements climatiques », cette session a rassemblé responsables institutionnels, experts et représentants des départements concernés, dans un contexte de stress hydrique persistant.
L’ensemble des intervenants ont souligné l’urgence de repenser les modes de gestion traditionnels, au profit d’une gouvernance plus intégrée, proactive et fondée sur la coordination entre acteurs, la veille et l’évaluation continues.
Le Wali Khatib El Hebil a rappelé, à cet égard, la Haute sollicitude royale portée à la question de l’eau, notamment à travers le discours du 25e anniversaire de la Fête du Trône, dans lequel SM le Roi Mohammed VI a insisté sur la rationalisation de l’usage de l’eau, l’activation de la police de l’eau, et la mise en cohérence des politiques hydrique et agricole.
Le bassin de la Moulouya, selon M. El Hebil, constitue un cas emblématique des tensions hydriques qui frappent le Royaume, du fait de la pression croissante sur les ressources naturelles, de l’exploitation anarchique des nappes et de l’impact des changements climatiques.
Des nappes menacées, des outils à renforcer
Le Wali a pointé plusieurs défaillances : baisse du niveau des nappes, faible performance des réseaux d’irrigation et de distribution, systèmes de contrôle limités, et surtout un recul de la conscience collective sur l’importance de la ressource hydrique. Il a ainsi plaidé pour l’instauration de mécanismes de suivi et d’accompagnement, tout en saluant l’implication de l’Agence du bassin hydraulique dans l’élaboration des contrats de nappes, dans une approche participative.
Même son de cloche du côté de Mohamed Jelloul, président du Conseil du bassin, qui a insisté sur l’importance des contrats de nappes phréatiques pour sécuriser l’approvisionnement en eau potable et limiter les abus. Il a par ailleurs rappelé que l’eau constitue un levier central de la dynamique de développement, nécessitant une vision proactive et partagée.
Dans une déclaration à la presse, Narjiss Lamarti, directrice de l’Agence du bassin hydraulique de la Moulouya, a souligné l’importance de cette réunion pour renforcer la concertation et la coordination autour d’enjeux aussi critiques que la planification, la distribution et la préservation de l’eau.
Mme Lamarti a mis l’accent sur la promotion d’une culture de l’économie d’eau, l’amélioration du rendement des réseaux, et l’efficacité des politiques sectorielles. Car malgré une légère amélioration des précipitations cette saison, le bassin reste sous forte pression, du fait de la succession des années de sécheresse.
Trois barrages en chantier pour tripler la capacité de stockage
La directrice a par ailleurs salué les avancées significatives des projets en cours, notamment la surélévation du barrage Mohammed V à Taourirt et Nador, dont les travaux ont atteint 64% d’avancement, ainsi que la construction des barrages Targa Oumadi à Guercif (72%) et Beni Azziman à Driouch (73%).
À terme, ces projets permettront de tripler la capacité de stockage de la région, passant de 794 millions à plus de 2 milliards de mètres cubes.
Clôturant cette session, le Conseil a adopté à l’unanimité son nouveau règlement intérieur, une étape majeure pour structurer l’action des organes du Conseil, assurer un cadre clair de concertation et de prise de décision, et renforcer l’efficacité collective face aux défis hydriques à venir.
