Le logement au Maroc et ses freins
Le secteur de l’immobilier au Maroc semble avoir perdu le feu sacré. Depuis quelques années, la production et les mises en chantier de logements vont de mal en pire, une tendance symptomatique d’une demande sur le marché toujours en berne, en dépit des baisses de prix du mètre carré dans la majorité des villes et de l’allègement du coût du crédit bancaire. Les réalisations des développeurs sont en effet catastrophiques, d’après les chiffres officiels du désormais ministère de l’Aménagement du territoire national, de l’urbanisme, de l’habitat et de la politique de la ville.
Bien sur en plus d’une demande qui ne semble toujours pas décidé à revenir sur le marché, d’autres facteurs ont contraint les opérateurs à mettre un coup de frein à leur activité. Il s’agit entre autres de l’augmentation des droits de la conservation foncière depuis le 1er novembre 2016. Les projets en cours ont alors supporté des droits supplémentaires, ce qui a perturbé la production, surtout que la trésorerie des promoteurs était déjà à genou, apprend-on auprès des opérateurs. S’ajoute à cela la loi 66-12 sur le contrôle et la répression des infractions en matière d’urbanisme entrée en vigueur en septembre dernier qui a instauré un climat de défiance assurent les promoteurs. De manière générale, les développeurs disent en outre être découragés depuis quelques années par des changements réglementaires qui les prennent de cours et auxquels ils ont du mal à s’adapter. Ils citent entre autres, la loi sur la profession notariale entrée en vigueur depuis fin 2012 qui a introduit un nouveau formalisme pour les transactions immobilières, l’augmentation de la taxe sur les profits immobiliers pour les terrains, l’instauration de la TVA sur les intérêts des crédits accordés aux acquéreurs de logements sociaux…
Mais tout cela ne doit pas faire perdre de vue l’essentiel: ce qui a été le plus pénalisant pour les promoteurs immobiliers c’est bien la désertion des acheteurs en lien avec un manque de confiance qui s’est répandu parmi eux. Et si aujourd’hui cette confiance fait défaut, selon les spécialistes, c’est parce que les acquéreurs doutent sérieusement de la qualité des logements qui leur sont proposés, surtout au vu des prix pratiqués, qui quoiqu’en baisse sur les dernières années, se situent toujours généralement à des niveaux globalement élevés.
Si l’on est tenté de croire que la mauvaise passe qu’a traversé le secteur sur les dernières années a poussé les opérateurs à une remise en question sur le plan de la qualité pour regagner la confiance des acheteurs, très peu de choses ont fondamentalement changé dans les faits jusqu’à l’heure. Et ce sont les architectes et bureaux d’études qui l’attestent. Au Maroc, la majorité écrasante des programmes immobiliers ne prennent en considération la qualité que pour ce qui est des aspects liés à la sécurité des constructions, assurent ces praticiens.