Adjudication d’achat de devises.. Les objectifs de ce mécanisme expliqués par un économiste

Dans l’optique d’absorber les excédents actuels sur le marché de change et d’assurer son bon fonctionnement, Bank Al-Maghrib (BAM) a annoncé récemment l’organisation, autant que nécessaire, d’adjudications d’achat de devises auprès des opérateurs du marché.

En effet, la Banque centrale a déjà racheté, lors des deux premières adjudications, organisées lundi et mardi, 410 millions de dollars et puis 260 millions de dollars auprès de ces opérateurs en contrepartie du dirham, aux cours respectifs de 8,9939 et 8,9834 dollars le dirham, selon le site de Bank Al-Maghrib. Alors en quoi consiste ce mécanisme et quels en sont les objectifs ?

« Avant la mise en place de la réforme du marché de change de 2018, les interventions de Bank Al-Maghrib (BAM) sur ce marché étaient quasi-automatiques », nous explique d’emblée Omar Bakkou, économiste et spécialiste en politique de change.

La Banque centrale procédait aux opérations d’achat et de vente de devises auprès des banques à chaque fois qu’une banque exprime le besoin, a indiqué M. Bakkou à la MAP, faisant savoir que depuis la mise en place de la réforme, qui a consisté à élargir la bande de fluctuation du taux de change, BAM fait en sorte de laisser une grande marge au marché de change interbancaire.

« Aujourd’hui sous l’effet de la sur liquidité enregistrée sur ce marché mais aussi des prévisions de BAM par rapport à la persistance de cette situation (le marché de change risque de demeurer excédentaire, c’est-à-dire que l’offre de devises est supérieure à la demande), la Banque centrale a décidé donc d’intervenir à travers cette technique d’adjudication », a t-il précisé.

Selon le spécialiste, ces interventions visent deux principaux objectifs. Le premier étant d’éviter une crise de surliquidité du marché de change, soit « une situation où les banques seraient amenées à placer à perte, faute d’acheteurs, les devises à l’étranger (les taux sur l’euro sont négatifs et sont nuls sur le dollar) », relevant que ces pertes viendraient aggraver les revenus générés par les banques sur le marché puisque leurs commissions deviennent nulles lorsque les taux touchent la bande inférieure.

« On pourrait, également, considérer dans ce même sens que lesdites interventions permettent d’éviter une décision d’élargissement de la bande de fluctuation, qui se traduirait par une appréciation encore supplémentaire du dirhams par rapport aux devises, laquelle serait dommageable pour les entités génératrices de devises, en l’occurrence les exportateurs », a soutenu M. Bakkou.

En outre, l’expert a relevé que cette décision permettrait d’améliorer la liquidité en dirhams des banques, ce qui va leur permettre, bien évidemment, d’améliorer leurs situations financières ainsi que leurs capacités d’octroi des crédits, rappelant, dans ce sens, que la situation financière des banques a été fortement endommagée par la crise du Covid-19 (baisse importante des sources de financement gratuites des banques à savoir les dépôts à vue à la suite des retraits massifs d’argent de la clientèle, augmentation des créances en souffrance, etc…).

Sur le même registre, un directeur de salle de marché a indiqué que depuis la réforme du marché de change, la Banque centrale n’est pas intervenue sur ce marché, expliquant cette décision de BAM par deux principales raisons, le premier étant l’appréciation continue du dirham qui a touché la limite inférieure de la bande de fluctuation.

La seconde raison, a-t-il poursuivi, est la position de change des banques (le solde positif ou négatif d’un établissement de crédit dans une devise) qui, selon les derniers chiffres publiés sur le site de BAM, a atteint, au 14 septembre courant, plus de 9,42 milliards de dirhams.

Cette position, qui avait déjà inscrit un plus haut annuel à plus de 10,3 MMDH, est attribuable d’après, la même source, « aux flux exceptionnels de devises en juin, juillet août ».

« Ceci est dû à la rentrée des Marocains résidant à l’étranger, mais aussi au fait que de moins en moins de Marocains sortent à l’étranger. Donc il y a moins de consommation de devises », a-t-il précisé.

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