Selon une analyse, la consommation de ciment atteindrait son plus bas niveau durant ces quinze dernières années

Dans une récente analyse, CFG bank fait une radioscopie du secteur du ciment. Le but étant d’analyser l’évolution des ventes et les perspectives dans un contexte très mouvant. D’après les anticipations des analystes, la consommation de ciment atteindrait son plus bas niveau durant ces quinze dernières années, pour s’établir à 11,2 MT en 2020.

Certes, les deux premiers mois de l’année 2020 ont été marqués par une croissance relativement soutenue de la consommation de ciment (+4,4% YoY à fin février), et ce, grâce à un faible niveau de précipitation permettant aux chantiers de continuer sans interruption.

Cependant, la propagation de la pandémie de Covid-19 au Maroc, et notamment la déclaration de l’état d’urgence sanitaire et l’instauration du confinement auront eu raison de ce trend positif. En effet, dès le mois de mars, la croissance de la consommation cumulée de ciment est passée en zone négative, avec une baisse de -7,3% à la fin du premier trimestre. Ainsi, à la fin du mois de mai (dernières statistiques disponibles), la consommation cumulée de ciment s’est établie en baisse de 25,1%.

Selon les analystes, la consommation nationale de ciment devrait accuser une baisse de 18,2% en 2020, avec notamment une baisse de 25,6% au premier semestre. En effet, avec une baisse anticipée de 30,0% durant le mois de juin, notamment suite à la fête religieuse «Aid Al Fitr» durant laquelle il est coutume pour les ouvriers de prendre deux semaines de congé, le premier semestre devrait être marqué par une forte baisse.

La baisse de la consommation de ciment durant le deuxième semestre serait plus limitée (-11,0%), et ce, grâce à une légère reprise de la consommation dès juillet. «Nous pensons, par ailleurs, que les investissements publics ne seront pas revus significativement à la baisse, et ce, afin de limiter l’impact de la baisse du PIB en 2020E et sur les années à venir», annonce CFG Bank

Selon le scénario conservateur de CFG, la consommation de ciment ne devrait retrouver un niveau proche de 2019 qu’en 2022. En dehors de l’impact de la pandémie du Covid-19, un autre facteur devrait peser sur ce secteur. «La fin des avantages fiscaux au segment de l’immobilier social dans leurs formes actuelles est prévue à fin 2020, et cela devrait avoir un impact significatif sur la consommation de ciment. En effet, la fin de ces avantages fiscaux dans leurs formes actuelles devrait avoir un impact majeur sur le secteur de la promotion immobilière et ainsi sur la demande nationale en ciment dès 2021», expliquent les auteurs de cette analyse, notant que «le gouvernement devrait annoncer de nouvelles incitations afin de soutenir les ménages désireux d’acquérir des logements sociaux, et dépendamment des mesures annoncées, l’impact sur la consommation en ciment pourrait être plus ou moins important, et pourrait nous conduire à revoir nos prévisions de croissance sur les années à venir».

Les analystes anticipent une reprise en 2021, mais souligne que «la croissance du secteur devrait revêtir un caractère modéré et rester inférieure aux niveaux observés sur la dernière décennie». «Nous sommes en effet convaincus que la consommation de ciment a connu au cours de la dernière décennie un important effet de rattrapage, et que de facto la croissance à long terme du secteur resterait limitée», avancent-ils.

En se basant sur les différents scénarii prévisionnels considérés, ces derniers estiment la croissance à long terme du secteur dans une fourchette comprise entre 1,6% et 3,1%. «Pour notre part, nous retenons le scénario central d’une croissance à long terme de 2,3% par an», indiquent-ils.

Etant donné le contexte global, et malgré la reprise escomptée de la croissance du secteur, «le potentiel de croissance top-line des opérateurs resterait limité avec un taux de croissance annuel moyen estimé à 0,6% sur la période 2019-2022 pour LafargeHolcim Maroc et pour Ciments du Maroc», anticipent les analystes.

Les analystes de CFG recommandent de conserver les titres LafargeHolcim et Ciments du Maroc. «L’action LafargeHolcim se paie actuellement à 11,7x et 10,1x L’EV/EBITDA [valeur/revenus d’entreprise avant intérêt, impôt, dépréciation, et amortissement, ndlr] 2020 et 2021, des niveaux de valorisation qui nous semblent justifiés», soulignent-ils.

Ils prévoient que le cours du titre LafargeHolcim Maroc devrait se situer à 1.526 DH. Il a un potentiel de hausse de 7,7% en comparaison avec le cours observé à la clôture de la séance du jeudi 25 juin (1.416 DH). «Nous pensons que l’action Ciments du Maroc est actuellement correctement valorisée (…) le titre se paie en multiples induits par notre valorisation à 12x et 10,5x l’EV/EBITDA 2020 et 2021 respectivement».

Le cours de Ciments du Maroc devrait s’établir à 1.534 DH, soit un potentiel de hausse de 8% en comparaison avec le cours observé à la clôture de la séance du jeudi 25 juin (1.420 DH).

K. FAKHIR

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