Le patrimoine de la cité portugaise de Mazagan face à de nouveaux défis
La ville de El Jadida a récemment accueilli une visite de André Azoulay, conseiller de Sa Majesté le Roi, à l’occasion du 20e anniversaire de l’inscription de la cité portugaise de Mazagan au patrimoine mondial de l’UNESCO. Cette visite, marquée par une série de rencontres et de réflexions, a permis de dresser un état des lieux des défis majeurs qui menacent ce site historique, ainsi que des stratégies à mettre en place pour assurer sa préservation et sa valorisation.
Un patrimoine menacé par le temps et les manques de gestion
Lors de son déplacement, André Azoulay, accompagné du gouverneur de la province de El Jadida, Mohamed Atfaoui, a pu constater l’ampleur des dégradations subies par certains édifices emblématiques du site, notamment la citerne portugaise, fermée au public depuis plus de quatre ans. Ce monument, témoin unique de l’architecture militaire et hydraulique du XVIe siècle, est aujourd’hui en attente d’une réhabilitation urgente.
Au cœur des discussions, la nécessité d’une gestion plus efficace et intégrée du site patrimonial a été mise en avant. L’événement, organisé par l’Association Mémoire de Doukkala, en partenariat avec la Direction régionale de la culture et l’Université Chouaïb Doukkali, a rassemblé chercheurs, architectes et représentants institutionnels pour débattre des enjeux de conservation et des perspectives de développement durable du site.
Vers la création d’un conseil de gestion dédié
L’un des points cruciaux soulevés lors de cette rencontre a été l’urgence de la mise en place d’un conseil de gestion du site du quartier portugais, à l’image des structures de gouvernance existant pour d’autres sites classés à travers le monde. Nisrine Safi, conservatrice du patrimoine des villes de El Jadida et Azemmour, a insisté sur l’importance de cette structure, qui devrait réunir des représentants des secteurs publics et privés, ainsi que des acteurs de la société civile.
L’objectif serait d’élaborer une stratégie à court, moyen et long terme pour assurer une gestion durable du site, en définissant des axes prioritaires tels que l’entretien des infrastructures historiques, le développement touristique structuré et l’implication des populations locales dans la préservation du patrimoine.
Un chef-d’œuvre architectural en quête de renouveau
La cité portugaise de Mazagan, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis le 30 juin 2004, est un témoin exceptionnel de l’architecture militaire de la Renaissance. Ses murailles imposantes, ses bastions, la célèbre citerne portugaise, l’ancienne église Notre-Dame de l’Assomption, ainsi que d’autres édifices historiques illustrent le riche passé de ce site, qui fut un carrefour d’échanges entre le Maroc et l’Europe.
Cependant, l’érosion marine, l’absence de circuits touristiques balisés, la dégradation de nombreux édifices et l’inexploitation de plusieurs sites clés freinent le potentiel de valorisation de Mazagan. Plusieurs bâtiments historiques, aujourd’hui à l’abandon ou fermés, pourraient être réhabilités pour être transformés en musées, galeries ou centres d’interprétation du patrimoine, contribuant ainsi à renforcer l’attractivité culturelle et économique de la ville.
Un appel à l’action pour un patrimoine en péril
Face à ces constats, les acteurs impliqués ont unanimement plaidé pour une mobilisation accrue des autorités locales et nationales, ainsi que des partenaires internationaux, afin de mettre en œuvre un plan de sauvegarde ambitieux. La préservation de Mazagan ne représente pas seulement un enjeu patrimonial, mais également un levier de développement économique et touristique majeur pour la région de Doukkala-Abda.
L’initiative visant à créer un conseil de gestion dédié constitue une avancée essentielle pour garantir la transmission de ce joyau architectural aux générations futures. Il appartient désormais aux autorités compétentes et aux acteurs du secteur du BTP et de la restauration du patrimoine de jouer un rôle clé dans la réhabilitation de ce site exceptionnel.