Immobilier.. Que cache la montée en puissance des transactions ?

L’immobilier, secteur en difficulté bien avant la crise liée au nouveau coronavirus (covid-19), a enregistré au début de 2021 une forte hausse des transactions, laissant entrevoir un brin d’espoir d’amorcer une relance durable de l’activité. Mais que cache la montée en puissance de ces transactions ?

Les transactions, qui ont augmenté durant le premier trimestre de cette année de 52% par rapport au T1-2020 selon les récents chiffres de Bank Al-Maghrib (BAM) et l’Agence nationale de la conservation foncière du cadastre et de la cartographie (ANCFCC), correspondent aux actes d’achats initiés au cours de l’année écoulée, ainsi que les recouvrements des biens vendus sur plans les années précédentes, a expliqué, dans une déclaration à la MAP, Karim Tazi, CEO de Lazrak Real Estate Advisory.

« Une transaction immobilière est un acte réfléchi qui nécessite un temps de recherche et de prise de décision. Il y a ensuite un délai pour le financement, la livraison du projet, la signature du contrat de vente et l’enregistrement à la conservation foncière », a-t-il détaillé.

Aussi, poursuit M. Tazi, il est raisonnable de compter un délai de 3 à 6 mois pour constater une vente d’un bien titré et de 12 à 36 mois pour un bien en état futur d’achèvement.

Il a, en outre, souligné que l’indice des prix des actifs immobiliers (IPAI) ne prend en considération que les biens ayant fait l’objet d’au moins deux transactions au cours de la période concernée et ne traite par conséquent, que les transactions de type « 2ème main ».

La période de 2020 a été marquée par une période de confinement de 3 à 4 mois, durant laquelle très peu de transactions ont été opérées ou enregistrées à la conservation, a fait observer M. Tazi qui est également membre of the Royal Institution of Chartered Surveyors (MRICS), précisant que le hausse de 52% correspond plus à un rattrapage technique des 2ème et 3ème trimestres 2020.

« Nous ne pouvons pas utiliser cette progression pour en déduire une tendance. Il faudrait attendre fin 2021 pour apprécier la reprise », a-t-il estimé.

Un retour à la normale est envisageable dans les prochains mois

Parallèlement, l’expert en immobilier juge qu’un retour à la normale des niveaux de transactions sur 2021 est prévu pour multiples raisons, dont la reprise des décisions d’achat auprès des ménages et des opérateurs économiques à la sortie du confinement.

Cette tendance, a-t-il relevé, s’est accélérée avec le lancement de la campagne de vaccination anti-covid et une reprise quasi normale des activités économiques avec la mise en œuvre des protocoles sanitaires dans les lieux de travail et de commerces.

Il a, également, fait observer que les ménages ont recentré leurs dépenses sur l’immobilier au détriment de la consommation courante et des voyages, l’immobilier étant considéré comme une valeur refuge en tant de crise.

Les promoteurs, pour leur part, ont ajusté leurs prix pour maintenir leurs ventes et rembourser leurs engagements financiers, a indiqué M. Tazi, notant que la réduction des droits d’enregistrements et des taux bancaires compétitifs soutenus par la baisse du taux directeur de BAM ont aussi contribué à cette tendance de reprise.

De même, un fort engouement pour les villas et les maisons a été constaté durant le T1-2021. « Les ménages après l’épreuve du confinement ont exprimé le besoin de déménager vers des biens de meilleure qualité, avec plus de surfaces, moins de densité, plus d’espace verts, plus de sécurité », a expliqué l’expert à ce propos.

La maison individuelle et la villa ont été privilégiées à la copropriété, quitte à s’éloigner un peu du centre-ville, a-t-il soutenu, notant qu’une demande pour les pieds à terre balnéaires en périphérie des grandes villes a aussi été constatée.

Par ailleurs, M. Tazi s’est arrêté sur la flambée de 73,5% de l’immobilier professionnel, au moment même où le télétravail prenait de l’ampleur. D’après lui, cette hausse correspond aussi à un rattrapage de 2020.

« Nous pourrons évaluer l’impact du télétravail sur les transactions qu’à la fin de 2021. Cependant , la baisse des prix, l’arrivée d’une offre moderne et la disponibilité de financements devraient soutenir le marché de l’immobilier professionnel et maintenir ses niveaux de ventes », a-t-il dit.

Le marché sera porté par des déménagements vers des espaces de meilleures qualités modernes et par des acquisitions liées au programme Intelaka et par les professions libérales, a prévu M. Tazi.

L’arrivée des Organismes de placement collectif en immobilier (OPCI) sur le marché contribuera également à soutenir les volumes de transactions. « Je pense que la demande en surfaces sera maintenue mais que les prix connaîtront une correction de l’ordre de à 5 à 10 % par rapport aux années précédentes », a-t-il soulevé.

Et à partir de là, les OPCI semblent plus que jamais invitées à lever de nouvelles ressources pour les orienter vers l’immobilier qui a beaucoup souffert de la crise du Covid-19 à même de contribuer à sa dynamisation, en adaptant leurs stratégies d’investissement et en diversifiant leurs actifs immobiliers.

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