Entretien avec Driss El Bahloul, membre de l’AMBC

Peut-on savoir dans un premier lieu quelle est la principale vocation de l’Association Marocaine des Bureaux de Contrôle (AMBC) ?

L’association marocaine des bureaux de contrôle technique AMBC est une association professionnelle qui a été créée pour l’organisation et la valorisation du métier de contrôle technique de construction au Maroc.

Elle regroupe l’ensemble des bureaux de contrôle agréés par la Société centrale de réassurance SCR.

La principale vocation de l’AMBC peut se résumer comme suit :

  • Promouvoir l’étude commune des problèmes généraux relatifs aux conditions d’exercice du contrôle technique de construction au Maroc,
  • L’organisation du métier du contrôle technique de construction au Maroc par la représentativité au sein des commissions d’agrément et de normalisation, la sensibilisation par tout moyen de l’intérêt du contrôle technique de construction dans la préservation de la stabilité et la sécurité des constructions et l’assurabilité des dommages ouvrages.
  • Créer entre les organismes de contrôle technique de construction au Maroc, des liens constants leur permettant chaque fois que les circonstances l’exigent de se concerter et de débattre de tous les problèmes afférents à leur profession.

En outre, l’AMBC assure également la représentation de ses membres, pour tout ce qui concerne les préoccupations communes, vis-à-vis des Pouvoirs publics et des Instances représentatives des autres professions.

Juste une précision concernant notre métier, le contrôleur technique doit toujours garder son étiquette de tierce partie indépendante qui fournit des avis et des constats essentiellement liés au respect des normes et règlements en vigueur, et ce dans le mais de rendre le risque normal. Notre intervention est donc une garantie de sécurité et de fiabilité des constructions.

 

 

  • Que faire, selon vous, pour persuader les différents intervenants dans le secteur de la construction à se conformer aux normes parasismiques ?

 

Qu’on le veuille ou non, nous sommes dans une zone qui présente des risques de tremblement de terre. Et pour en faire face, la seule solution est de construire parasismique. C’est une affaire de l’ensemble des intervenants dans ce domaine, chaque maillon de la chaîne doit remplir ses engagements pour avoir un produit final fiable et sûr.

Les normes et règlements parasismiques, notamment le règlement de construction parasismique RPS 2000 version 2011 actuellement en vigueur doivent être appliqués et si on ne l’applique pas on est donc hors-la-loi. L’ensemble des intervenants dans l’acte de bâtir est donc tenu de respecter ce règlement et en premier lieu le maître d’œuvre qui est l’architecte, chargé de veiller à ce que tout le monde se conforme à ce règlement.

Notre objectif, en respectant la réglementation de construction dans les zones à risques, notamment en ce qui concerne le dimensionnement parasite, est d’assurer la stabilité des immeubles, provoquant ainsi tout risque d’effondrement et préservant la vie des occupants. Un immeuble qui n’est pas conforme à ces normes peut représenter un danger potentiel pour ses habitants.

Il faut également noter que l’application du règlement ne garantit pas d’avoir des désordres dans les constructions. En effet, le passage de la classe de priorité de 1 qui est considéré comme vitale à 2 ou 3 diminue d’une manière considérablement le degré de résistance de la structure.

 

  • Dans le même cadre, qu’en est-il de l’importance de la mise en œuvre de la réglementation parasismique, RPS 2011 ?

 

Le règlement parasismique marocain RPS 2000 a été mis en vigueur en septembre 2002. Une première mise à jour est faite en 2011. Les professionnels du secteur se sont adaptés de plus en plus à son application. Aujourd’hui, mise à part l’obligation de son application, la prise en compte de l’effet sismique et du comportement des ouvrages vis-à-vis des effets dynamiques dans le dimensionnement des ouvrages est maitrisée par nos bureaux d’études et bureaux de contrôle technique.

L’application de ce règlement a contribué à renforcer le niveau de sécurité dans les constructions qui peuvent, à mon avis, être améliorées davantage.

 

  • Par rapport au séisme d’Al Haouz, existe-t-il des solutions durables pour la reconstruction post-sismique ?

 

Tout d’abord, je veux signaler que le séisme d’Al Haouz qu’a connu notre pays est le plus important tremblement de terre enregistré par des stations sismiques de notre histoire , avec une  magnitude  dépassant 7 degrés sur l’échelle de Richter. Il faut aussi noter qu’en passant d’un degré à l’autre sur l’échelle de Ritcher, la force sismique est 30 à 40 fois plus importante. Aussi en ce qui concerne l’accélération sismique enregistrée, elle est de l’ordre de 0,2g, ce qui dépasse la plus grande valeur, qui est de 0,18g, de dimensionnement pour les zones de forte sismicité selon le RPS2000. Ainsi, ce séisme met en évidence l’importance cruciale de revoir le règlement RPS dans le futur proche, surtout la carte du zonage et l’intensité. A mon avis, la mise à jour du règlement RPS doit se conformer au règlement européen Eurocode 8, pour être compatible avec les Eurocodes, dont une bonne partie est déjà adoptée au Maroc, ou bien tout simplement adopté à l’EC8 et travailler sur l ‘élaboration de l’annexe nationale du Maroc.

En outre, la solution durable pour la reconstruction post-séisme est :

  • La mise en place d’une réglementation adaptée
  • La formation et l’information de l’ensemble des intervenants dans l’acte de bâtir
  • La sensibilisation aux risques liés au non-respect des règlements

 

 

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