Le BTP et ramadan, comment les concilier ?

Pendant le mois de ramadan, les ouvriers de confession musulmane suivent un jeûne de l’aube au coucher du soleil. Or ne pas se nourrir peut avoir des conséquences négatives sur la productivité et présenter aussi des risques pour la santé et la sécurité des travailleurs. En effet, à cause de la déshydratation du corps, qui risque de s’aggraver en cas de forte chaleur, de la fatigue liée à la privation de nourriture ainsi qu’au manque de sommeil, la résistance physique et la vigilance se trouvent fortement amoindries. En revanche, étant donné que les dates du début et de fin du mois de ramadan sont, à une journée prés, connues à l’avance, une gestion anticipée de cette période est donc possible. Il incombe, par conséquent, à l’entreprise d’agir pour prévenir les dangers tout en assurant un rendement correct des ouvriers. Pour ce faire, plusieurs possibilités s’offrent et leur mise en œuvre dépend de la nature du chantier, du poste du salarié, du lieu d’exécution et aussi de l’effectif :

  • Aménagement des horaires des postes. Cette nouvelle organisation peut nécessiter la prise en charge du transport des ouvriers par l’entreprise :
    • Le premier poste commence ainsi plutôt que d’habitude, idéalement, juste après la prière d’Al Fajr pour se terminer vers 13h00 ou 14h00.
    • Le deuxième poste démarre juste après la rupture du jeûne et dure alors jusqu’à une heure et demi ou deux heures avant la prière d’Al Fajr.
  • Être plus attentif aux postes à risques. D’ailleurs, les dispositions nécessaires doivent être renforcées pour les prévenir.
  • Le travail à la tâche constitue une bonne alternative si le code de travail du pays ne l’interdit pas. Le rendement est alors meilleur et les ouvriers ont la possibilité de quitter le chantier un peu tôt.
  • Ajustement du phasage des travaux pour réaliser dans la mesure du possible, pendant le poste de nuit ou tôt le matin, un maximum de tâches requérant de grands efforts physiques ou une grande concentration.
  • Rotation entre les postes et entre les activités les plus pénibles. Ainsi pour des travaux d’enduit à titre d’exemple, les zones intérieures situées à l’ombre et extérieures exposées au soleil sont équitablement partagées entre les maçons en cas de forte chaleur.
  • Prise en considération des confessions des ouvriers dans leurs affectations. Pour cela, les personnes observant le jeûne doivent être réparties sur les postes les moins durs et les moins fatigants. Le chef du projet a l’obligation de communiquer et expliquer à l’ensemble de ses équipes notamment à celles de confessions non musulmanes les raisons de cette réorganisation, non seulement pour qu’elle ne soit pas prise pour une discrimination envers elles mais encore, pour qu’elles y adhèrent.
  • L’incidence sur le rendement pour l’encadrement doit être minime. Il est toutefois possible d’organiser la journée pour que les réunions aient lieu le matin alors que les gens sont plus éveillés et plus actifs, les tâches répétitives ou moins importantes, qui nécessitent moins de concentration peuvent être laissées pour l’après-midi.

Le jeûne de ramadan est l’un des cinq piliers de l’islam, le chef du projet doit toutefois être vigilant afin que ce mois ne soit pas instrumentalisé pour justifier tout manquement, en contrepartie, une bonne organisation au préalable permet au minimum de garder un rendement normal de productivité.

Abdelhak EL MOULI est ingénieur d’état en génie civil, lauréat de l’Ecole Mohammadia des Ingénieurs

 

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