Béton préfabriqué: Les opérateurs ne lâchent pas prise

La baisse de la consommation du béton préfabriqué inquiète les professionnels qui explorent de nouvelles niches pour booster les ventes: agglos ponce, regards préfabriqués…

Les temps sont durs pour l’industrie du béton, à l’image du secteur des matériaux de construction. En janvier dernier, les ventes du béton préfabriqué ont fléchi de 11,7% par rapport au même mois de 2017. La consommation de ce matériau a atteint 95.878 contre 108.587 tonnes, un an auparavant. Cette baisse enfonce davantage le clou, sachant que l’année dernière était une année difficile pour ce secteur.

«Alors que la consommation du ciment a reculé de 2,54% en 2017, le marché du fabriqué, quant à lui, a régressé de 6,2%», confie Mehdi Maachi Haddou, président de l’Association marocaine des industries du béton (AMIB). Cette conjoncture délicate s’est traduite par un ralentissement de l’activité des entreprises.

Le chiffre d’affaires réalisé en 2017 a atteint 4,43 milliards de DH contre 4,72 milliards de DH en 2016, soit une perte de près de 300 millions de DH. La production a également ralenti le pas. Elle est passée de 3,93 millions de m3 en 2016 à 3,7 millions en 2017. Les stocks d’invendus ont également augmenté. Les produits en béton, étant lourds, ne peuvent être exportés.
Les causes de cette baisse de la consommation sont multiples. D’une part, le repli des mises en chantier dans le BTP pénalise ce secteur, sachant que 30% des constructions consomment des igloos à béton. D’autre part, les professionnels pointent du doigt les taxes parafiscales. «Les producteurs du préfabriqué paient la taxe spéciale sur le ciment ainsi que celles sur l’acier et le sable.

Le béton qui est le meilleur allié de l’environnement se retrouve concurrencé par les produits de substitution tels que les briques dont l’industrie est énergivore», souligne le président de l’AMIB. A titre d’exemple, la taxe sur le ciment représente 10% du prix de revient. «Malheureusement, l’Etat crée une concurrence déloyale sachant que les briquetiers ne sont pas assujettis à cette taxation», argue Mehdi Maachi Haddou. L’industrie du béton souffre également de la recrudescence de l’informel.

«Nous ne sommes pas concurrencés par les petites structures, mais bel et bien par de grandes unités qui ont pignon sur rue et vendent hors taxe», affirme le président de l’AMIB. A l’heure où la DGI met tout en œuvre pour combattre la sous-facturation, de grandes unités de production dont l’investissement dépasse les 10 millions de DH privilégient l’informel et bradent les prix (sans les 20% de TVA).

Pour barrer la route à ce type d’activités illicites, les dispositions de la loi de finances imposent à tous les producteurs de déclarer les ventes de détails à partir de 2019. Les producteurs pointent également du doigt l’instauration d’un forfait pour la TVA dans l’auto-construction.

«Nous ne pouvons être compétitifs face à des fabricants qui proposent un écart de 20% et accepte de vendre sans facture», déclare Mehdi Maachi Haddou. Résultat: l’auto-constructeur, n’étant pas obligé de présenter les factures à la DGI, s’approvisionne auprès du moins-disant. Ce qui encourage les entreprises, attirées par le profit uniquement, à basculer vers l’informel.

Malgré cette conjoncture difficile, les opérateurs tiennent encore le coup. «Au niveau des entreprises, majeures et moyennes, aucune fermeture n’est à déplorer. Au contraire, de nouveaux investissements sont annoncés», explique Mehdi Maachi Haddou. Déjà, 4 projets industriels ont fait l’objet de conventions signées devant le Souverain à Agadir, fin janvier, d’un montant de 320 millions de DH.

Ils portent sur la création d’unités de fabrication de produits en béton précontraint et de produits préfabriqués en béton, signées Sadet, Vetcam, Daoud Building ou encore Sicmaco. Par ailleurs, d’autres projets d’investissements sont en cours de validation.

En effet, 12 projets d’investissements dont le montant cumulé dépasse les 2 milliards de DH sont sur la table du ministre de l’Industrie. Ces réalisations rentrent dans le cadre des objectifs fixés par le contrat de performance signé par l’AMIB. Un contrat qui porte sur la création de 2.700 emplois et 2 milliards d’investissements, d’ici 2020.

Recul de 4,4% du marché cimentier en janvier

Après avoir essuyé la plus forte baisse depuis 10 ans, le marché cimentier s’est replié de 4,4% en janvier par rapport au même mois de 2017. Un retard attribué au ralentissement des mises en chantier dans l’immobilier et du retard enregistré dans les chantiers d’infrastructures. Au total, 1,11 million de tonnes ont été écoulées au cours du mois dernier, selon les statistiques fournies par l’Association professionnelle des cimentiers (APC).
Par région, Casablanca-Settat concentre encore le plus gros volume avec 254.328 tonnes, en diminution de 8,6% par rapport aux ventes de janvier 2017. Elle est suivie de Marrakech-Safi avec une consommation de 155.173 tonnes en progression de 9,56%. Figure en troisième place la région Rabat-Salé-Kénitra dont les écoulements ont atteint 146.466 tonnes, soit une baisse de 1,25%. Cette zone est talonnée de près par Tanger-Tétouan-Al Hoceïma qui a absorbé, en janvier dernier, 142.201 tonnes, soit une contre-performance de 5,4% par rapport au même mois de 2017. Viennent ensuite Souss-Massa (101.790 tonnes en repli de 7,22%) et l’Oriental (100.232 tonnes, soit -2,54%).

leconomiste.com

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