Par Mohammed Drihem
À l’approche de la saison estivale 2025, les autorités de la province d’Ifrane se mobilisent pour anticiper et renforcer les dispositifs de prévention et de lutte contre les feux de forêt. Le jeudi 15 mai, le gouverneur Driss Misbah a présidé une réunion de coordination stratégique en présence des représentants des services concernés, des experts forestiers et des universitaires, afin d’examiner les mesures à adopter face aux risques croissants d’incendies liés aux conditions climatiques.
Dans son intervention, le gouverneur a rappelé que, bien que les récentes précipitations aient favorisé le développement du couvert végétal — notamment dans les sous-bois —, ce même couvert constitue un facteur aggravant lors des fortes chaleurs de juillet et août. Il a insisté sur l’importance d’une vigilance collective et d’une mobilisation renforcée, notamment face aux causes humaines d’incendie, comme les feux de camp, les mégots jetés ou les opérations agricoles. Il a ainsi souligné la nécessité de campagnes de sensibilisation, particulièrement lors de la Journée nationale de lutte contre les feux de forêt, organisée par l’Agence nationale des eaux et forêts (ANEF).
Driss Misbah a également détaillé la méthodologie adoptée dans la lutte contre les feux, articulée en six phases : préparation, mobilisation, positionnement des équipes, surveillance, intervention, extinction et évaluation post-incendie.
Le directeur provincial de l’ANEF à Ifrane a pour sa part précisé que cette réunion s’inscrit dans le cadre du plan national de prévention des feux de forêt pour l’année 2025. Il a présenté un état des lieux des formations forestières de la province — riches en cèdres et en chênes verts — et rappelé les menaces potentielles, notamment dans les zones à forte affluence touristique.
L’intelligence artificielle au service de la prévention
Fait marquant de cette réunion : la présentation d’un projet novateur porté par l’Université Al Akhawayn d’Ifrane, baptisé RICER (Infrastructures Résilientes et Réponse d’Urgence Coordonnée). Ce programme, piloté par la professeure Dr Houda Chakiri, vise à intégrer les nouvelles technologies dans la gestion des risques d’incendie.
S’appuyant sur l’analyse d’images satellites, les systèmes d’information géographique (SIG) et le deep learning, le projet RICER entend développer un modèle prédictif capable d’identifier les zones à haut risque, de géolocaliser les alertes et d’optimiser la répartition des moyens d’intervention. Une application cloud, accompagnée d’un tableau de bord interactif, permettra aux autorités locales de suivre en temps réel l’évolution des situations et de prendre des décisions stratégiques plus efficaces.
Soutenu par le programme Sustainability & Impactful Research Funding de l’Université, ce projet réunit une équipe interdisciplinaire de chercheurs et d’étudiants, et ambitionne de devenir un modèle de gestion intelligent des feux de forêt, reproductible dans d’autres régions du Royaume.
Dr Abdelkrim Marzouk, doyen chargé de la coopération à l’Université Al Akhawayn, a souligné l’impact de cette innovation sur la coordination interinstitutionnelle et la précision des interventions. Grâce à une base de données géospatiale partagée, les différents acteurs — forestiers, pompiers, autorités locales — pourront agir plus rapidement et efficacement.
Un engagement durable face au changement climatique
Au-delà de la lutte immédiate contre les feux de forêt, la réunion d’Ifrane illustre l’engagement croissant des institutions locales et académiques dans l’adaptation aux effets du changement climatique. La collaboration entre l’État, l’ANEF et le monde universitaire ouvre la voie à des solutions durables et intelligentes, dans une région dont les forêts constituent un patrimoine écologique et touristique de grande valeur.
L’été 2025 s’annonce comme un test crucial pour cette dynamique collective, où la technologie, la sensibilisation et la coordination devront conjuguer leurs efforts pour préserver les richesses naturelles de la province d’Ifrane.
