Le premier projet de GNL du Maroc peut-il transformer la carte énergétique de l’Afrique du Nord ?
Dans le cadre d’un projet de 160 millions de dollars, le Maroc souhaite passer du statut d’importateur de gaz à celui de producteur, en ciblant un million de mètres cubes par jour grâce à sa première installation de GNL.
Le Maroc entrera sur le marché du gaz naturel liquéfié (GNL) d’ici fin 2025, la société britannique Sound Energy finalisant le développement de la première installation de traitement de GNL du pays sur le champ de Tendrara.
Le projet , qui représente un investissement de plus de 160 millions de dollars de Sound Energy, rassemble un consortium où la société minière marocaine Managem détient 55%, la firme britannique 20% et l’Office national des hydrocarbures et des mines, propriété de l’État, contrôle 25%.
« La production initiale d’environ 300 000 mètres cubes par jour devrait augmenter à plus d’un million de mètres cubes par jour », a déclaré le PDG de Sound Energy, Graham Lyon, à Al Asharq Business.
Le développement comprend deux phases : d’abord, la construction d’installations de traitement, de liquéfaction et de stockage, suivie de la mise en place d’une usine de traitement et d’un gazoduc de 120 kilomètres relié au gazoduc Maghreb-Europe.
Le champ de Tendrara, le plus grand champ gazier terrestre du Maroc, couvre plus de 133,5 kilomètres carrés avec des réserves estimées à plus de 10,67 milliards de mètres cubes.
Actuellement, le Maroc importe environ un milliard de mètres cubes de gaz par jour, principalement via un gazoduc en provenance d’Espagne, tandis que la production nationale reste inférieure à 100 millions de mètres cubes par an, provenant de petits gisements occidentaux.
La Direction de l’énergie et des minéraux prévoit que la demande en gaz du Maroc dépassera les 3 milliards de mètres cubes par an d’ici 2040.
Le pays ambitionne de tripler sa production locale à 400 millions de mètres cubes par an dans les années à venir, ce qui permettrait de satisfaire 40 % de la consommation énergétique locale.
Dans le cadre du nouveau projet, le GNL sera vendu depuis l’unité de conversion de Tendrara à Africa Gas, filiale du groupe marocain Akwa, acteur majeur du secteur de la distribution de carburants dans le pays.
Sound Energy a obtenu les droits de développement jusqu’en 2043, suite à un accord de 2018.
L’entreprise a ensuite cédé 55 % des concessions à des entreprises marocaines pour 45 millions de dollars, bien que Lyon ait précisé que cela représentait « une réduction de la participation, mais pas une sortie définitive du projet ».
Parallèlement, la société britannique Europa Oil & Gas a récemment annoncé des réserves potentielles de pétrole dans le bassin d’Agadir, à 100 kilomètres du territoire espagnol et à 200 kilomètres de l’île canarienne de La Graciosa.
La société, détenant 75% des droits d’exploitation, estime les réserves à 1 milliard de tonnes, en attendant de nouvelles études d’évaluation de la qualité et d’infrastructures.
Selon le journal espagnol Okdiario, si elles se confirment, ces réserves pourraient faire du Maroc « l’Arabie saoudite de l’Afrique du Nord », avec une valeur potentielle du champ atteignant 586,4 milliards de dollars, soit près de cinq fois le PIB du Maroc.
La stratégie énergétique du Maroc ne se limite pas au GNL et au pétrole. Le pays explore le potentiel de « l’hydrogène géologique » ou « hydrogène blanc », et Sound Energy s’est engagé à verser 25 millions de dollars pour des études d’exploration.
Ces initiatives s’inscrivent dans le cadre d’un plan plus large de transition énergétique du Maroc, qui combine l’expansion des énergies renouvelables avec une augmentation de la production nationale de gaz.