Lakhdissi finalise avec son équipe son «masque intelligent MIDAD»

Mouhsine Lakhdissi, le coordinateur du projet MIDAD, finalise avec son équipe son «masque intelligent de détection automatique à distance». Dès le début du confinement, Mouhsine et son équipe réfléchissent à la création d’un masque «intelligent». Apprenant l’existence d’un concours «Hacking Covid19» organisé par HEC Paris, ils décident d’y participer avec un prototype et finiront parmi les 6 lauréats.

Leur projet consiste en un masque «intelligent» en impression 3 D qui contient une carte et des capteurs de température, d’humidité, de pression et de taux d’oxygène. Combiné avec une application via Bluetooth, il permet d’avoir en temps réel les conditions de santé du patient mais aussi de détecter son respect du confinement et de la distanciation sociale.

«Le projet MIDAD est le fruit du travail de 8 personnes : 2 sur l’intelligence artificielle et des données. 2 développeurs pour le web et mobile et 2 ingénieurs sur la partie industrielle (impression 3D, capteurs, etc..). Enfin, nous avons fait appel à un médecin qui pratique au service réanimation du CHU de Marrakech. Il a été précieux par ses conseils et pour valider l’idée sur le volet médical. Il nous a permis, par exemple, de rajouter l’oxymètre, qui évalue le taux d’oxygène dans le sang», souligne Mouhsine Lakhdissi.

Se basant sur des travaux menés également à Singapour, en Corée du Sud et en Allemagne, le projet MIDAD utilise la technologie dite du «tracking», un mot qui fait peur, tant il est associé à la restriction des libertés personnelles. «Il faut distinguer le tracking et le tracing, nous explique l’ingénieur. Le tracking va permettre de relever les personnes qui ont été fréquentées par le porteur de l’application. En cas de positivité au virus, on pourra mieux analyser l’évolution de la propagation de la pandémie. Le tracing est plus intrusif par rapport à la vie privée, car on va être en mesure de connaître les déplacements de l’utilisateur. Dans les deux cas, nous ne souhaitons pas que ce soit un processus obligatoire. Elle doit être expliquée à l’utilisateur et encadrée par la CNDP, qui est l’équivalent de la CNIL en France. Le patient peut décider de partager ou pas ses données aux soignants», précise M. Lakhdissi

Plus que les informations de tracking, l’équipe cherche à utiliser ce masque comme un outil de télémédecine. «On a cherché les autres informations nécessaires (comportemental, environnemental, médical) à la détection de la maladie. L’impression 3D nous a permis d’aller plus vite dans la construction du masque. Les médecins nous ont permis aussi de rajouter à la partie technologique et plastique, une partie en silicone pour protéger le visage, avoir une bonne adhésion et de l’étanchéité», poursuit-il.

Adapté sur un design existant, le masque est construit avec des capteurs et un processeur, pas chers et disponibles sur le marché. «Cela permet de détecter des symptômes de la maladie (mauvaise oxygénisation, température plus élevée, éternuement qui augmente la pression du souffle au moment de l’expiration). Le masque peut être utilisé avant la déclaration de la maladie d’une personne à fort risque. Ça peut concerner aussi des personnes déjà testées positives et que l’on voudrait suivre à distance, en évitant la surcharge dans les hôpitaux. Enfin, lors des périodes de déconfinement, ça permet de mieux respecter la distanciation sociale et de vérifier l’état de l’utilisateur. Le masque est lavable et désinfectable», fait savoir le coordinateur du projet.

Le masque sera forcément plus cher que celui en papier ou tissu. Il est évalué à 20 euros. «Notre projet est de sauver des vies. On espère pouvoir le vendre à coût de revient. On a un business plan étayé. L’application est gratuite et disponible en open source. Ce masque ne s’arrête pas qu’au Covid. Il peut être utilisé pour des maladies respiratoires, cardiaques, etc. qui nécessitent un suivi à distance et peuvent tolérer une logique de télémédecine», indique-t-il.

Si l’industrialisation a lieu, le coût pourra baisser à nouveau. En phase de tests, un investisseur au Maroc les suit. «Nous voulons le tester au Royaume. Si l’on voit que ça marche bien, on n’hésitera pas à réfléchir à une logique d’export.» Que ce soit le brevet, les autorisations au ministère de la Santé ou la CNDP, le projet passe par un cycle express. Une centaine de masques sont essayés en ce moment avant les homologations prévues pour les 2 à 3 semaines à venir. Une fois l’homologation obtenue, il est prévu une production de 500 à 1000 masques MIDAD. L’industrialisation devrait suivre pour une mise sur le marché dans les 2 à 3 mois, si tout se passe bien. «On est dans une logique open source. Si des industriels veulent utiliser le modèle, on est prêt à faire en sorte de les aider», promet-il.

 

vous pourriez aussi aimer
Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.