France… Les professionnels du bâtiment tirent la sonnette d’alarme

Le monde du bâtiment craint pour son activité. Tous les secteurs ou presque sont touchés. Une situation qui impacte l’industrie et les acteurs de la construction qui ne peuvent pas toujours poursuivre leurs chantiers.

Lors d’un point presse organisé le 23 mars dernier, le Président de la Fédération française du bâtiment (FFB), Olivier Salleron, a indiqué que la hausse sur les cours des matières premières se poursuit et commence à se traduire dans le prix des produits industriels. Si le mouvement a débuté avec le cuivre et l’acier en fin d’année dernière, il s’est désormais étendu à d’autres produits comme les plastiques, le polyuréthane ou encore le bois de structure.

L’envolée des prix n’est pas la seule difficulté à laquelle doit faire face le secteur. Il y a aussi la question des stocks, et les nouvelles ne sont pas rassurantes : la pénurie de matériaux est déjà là, et elle est mondiale ! Un contexte qui vient poser le risque d’un arrêt des chantiers, et donc de pénalités de retard.

«Cette double peine est inacceptable», insiste le président de la FFB qui appelle «à rétablir une relation équitable entre tous les acteurs de la construction». «Les clauses d’actualisation et de révision des marchés devraient répondre à ce problème des prix des matériaux. Mais de trop nombreux maîtres d’ouvrage refusent encore leur application», explique-t-il. La FFB demande ainsi au ministère de l’Économie de rappeler «que l’indexation des prix des chantiers n’est pas une option et que lorsqu’aucune clause n’est prévue dans le marché, la révision de prix doit être rendue obligatoire par voie d’avenant».

Dans un communiqué, le SYNAD, qui représente les fabricants d’adjuvants pour bétons et mortiers, parle d’une situation «complexe». Les adhérents «sont tous confrontés» à des difficultés d’approvisionnement. Quant à la hausse des matières premières, elle est de 20 à plus de 50%. Des chiffres alarmants d’autant plus que la pénurie n’étant pas propre à la France, il est difficile d’avoir de la visibilité à court terme. Le syndicat revient sur des facteurs qui ont amplifié les tensions sur les approvisionnements en matière première : un accident dans une usine, la maintenance d’unités de production, les conséquences de la COVID-19 sur la déstructuration des marchés, des conditions météorologiques difficiles (vagues de froid notamment), ou encore «la forte reprise de certaines industries».

L’avenir étant incertain, l’ensemble du secteur du bâtiment est mobilisé. Le Secimpac (Syndicat des entreprises internationales de l’outillage portatif et des consommables) et la Ficime (Fédération des Entreprises Internationales de la Mécanique et de l’Électronique) ont par exemple tenu des réunions avec les fédérations de la distribution professionnelle (et notamment la FDMC (Fédération des distributeurs de matériaux de construction), ex-FNBM) pour discuter des inquiétudes et des difficultés rencontrées par chacun des collaborateurs. Parmi les sujets évoqués, des craintes «grandissantes» liées au transport maritime et à une envolée du prix des containers.

Même son de cloche auprès des promoteurs immobiliers. Alexandra François-Cuxac, Présidente de la FPI France, indique : «Nous sommes nombreux à observer de plus en plus de retards sur nos chantiers (…). C’est un effet collatéral de l’épidémie et de la perturbation qu’elle a créée dans l’industrie et dans les échanges». Cet épisode devrait «nous faire réfléchir sur l’organisation de notre secteur industriel, et sur sa dépendance vis-à-vis de l’étranger». Une réflexion qui pour le moment est insuffisante, «comme le montre la RE 2020, qui impose d’avoir recours à des produits et des équipements spécifiques sans créer les conditions de développement d’une chaine de production locale et performante». «Est-il raisonnable d’être dépendants de la fourniture étrangère de matériaux, de composants, ou plus tard de pièces détachées pour réussir la transition ?», s’interroge-t-elle.

A. O

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