Un milliardaire australien veut transporter de l’électricité du Maroc vers le Royaume-Uni sans aide gouvernementale

Le magnat australien Andrew Forrest, surnommé « Twiggy », fondateur du géant minier Fortescue Metals Group, s’invite dans la compétition énergétique transméditerranéenne avec une initiative audacieuse : relier le Maroc au Royaume-Uni via un câble sous-marin pour fournir de l’électricité verte, sans recourir à aucun soutien financier gouvernemental.

Selon le quotidien britannique The Telegraph, Forrest a récemment eu des échanges avec le secrétaire d’État britannique à l’énergie, Ed Miliband. Son ambition, portée par sa branche Fortescue Future Industries (FFI), est de développer une capacité de production de 100 gigawatts d’énergie solaire en Afrique du Nord — dont une part significative serait installée au Maroc — afin d’exporter jusqu’à 500 térawattheures d’électricité par an vers l’Europe. Cela représente presque la totalité de la consommation électrique annuelle de l’Allemagne.

Le projet repose sur le déploiement de plusieurs câbles sous-marins combinés à des installations de stockage électrique et à des unités de production d’hydrogène vert pour garantir un approvisionnement stable. Cette approche permettrait notamment de pallier les récentes coupures massives de courant en Espagne et au Portugal, et renforcerait la sécurité énergétique du continent européen.

Contrairement au projet britannique Xlinks, déjà très avancé et qui prévoit un câble de 4 000 km reliant Tan-Tan (sud du Maroc) au Devon (sud-ouest de l’Angleterre), et qui nécessite un contrat de soutien public via le mécanisme de « Contract for Difference » (CfD), Forrest affirme que son projet n’a pas besoin de subventions : « Nous ne demandons pas d’aide financière. Nous avons seulement besoin d’un engagement pour acheter l’électricité à un prix de marché », a-t-il déclaré à The Telegraph. « Ce projet est capable d’alimenter l’Europe et le Royaume-Uni avec une énergie propre et fiable, comme celle que j’utilise pour faire tourner mes entreprises. »

Fortescue a également signé un accord avec la société belge Jan De Nul, spécialisée dans les travaux maritimes, pour étudier la possibilité d’installer une usine de fabrication de câbles sous-marins au Maroc. Ce volet industriel renforcerait l’impact économique et technologique du projet pour le Royaume.

Un intérêt stratégique croissant pour l’énergie marocaine

L’initiative de Forrest illustre l’intérêt croissant des grands acteurs mondiaux pour le potentiel solaire exceptionnel de l’Afrique du Nord, en particulier du Maroc, qui s’impose comme un leader régional dans les énergies renouvelables. Le pays, déjà relié électriquement à l’Espagne et à la Mauritanie, ambitionne d’exporter son surplus d’électricité verte tout en atteignant ses propres objectifs climatiques.

Contacté par Le Monde de l’Énergie, un expert de l’Agence marocaine pour l’énergie durable (MASEN) a commenté sous anonymat : « Ce genre de projets confirme que notre modèle énergétique est attractif et crédible sur la scène internationale. La vision marocaine sous l’impulsion de Sa Majesté le Roi Mohammed VI commence à porter ses fruits. »

Le gouvernement britannique, de son côté, s’est fixé comme objectif d’atteindre un mix électrique décarboné à 95 % d’ici 2030, selon les objectifs du Department for Energy Security and Net Zero (DESNZ). Des projets comme celui de Fortescue pourraient donc s’inscrire pleinement dans cette stratégie.

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