Casablanca-Settat : vers une gouvernance intégrée des grands projets territoriaux
Réseaux de transport, accès à l’eau, gestion des déchets, inclusion sociale… Lors de sa dernière session tenue en présence du Wali Mohamed Mhidia, le Conseil de la région de Casablanca-Settat a validé une série de conventions stratégiques qui marquent un tournant dans la gestion territoriale. Au-delà des annonces chiffrées, cette réunion confirme l’émergence d’un modèle de gouvernance intégré où le territoire n’est plus seulement récepteur de projets, mais acteur structurant de leur conception, financement et pilotage.
Un virage structurel porté par une logique de convergence
L’un des faits marquants reste la signature d’une méga-convention multipartite pour le financement de la Ligne à grande vitesse (LGV) Marrakech-Kénitra, impliquant à la fois l’État, les conseils régionaux (Casablanca-Settat, Rabat-Salé-Kénitra et Marrakech-Safi), l’ONCF, mais aussi des banques de premier plan telles que Attijariwafa bank, CDG, Banque Populaire, Bank of Africa ou Crédit du Maroc. L’intérêt de cette convention ne réside pas seulement dans l’enveloppe allouée – plus de 48 milliards de dirhams – mais dans la méthodologie coopérative adoptée : elle repose sur une mutualisation des efforts entre territoires, institutions publiques et partenaires financiers.
Ce type de partenariat horizontal et vertical amorce une dynamique nouvelle, dans laquelle la région devient codécideuse de l’aménagement du territoire national, et non plus simple exécutrice de politiques centrales.
Une programmation multisectorielle pensée pour la résilience
Aux côtés des projets de mobilité ferroviaire, la session du Conseil régional a également validé plusieurs conventions à fort impact territorial :
Un projet ambitieux de dessalement de l’eau de mer, en réponse directe au stress hydrique structurel de la région.
Un programme intégré de gestion des déchets solides, combinant performance environnementale et création d’emplois locaux.
Des initiatives sociales et culturelles ciblées sur les zones périphériques, avec une attention accrue portée à l’inclusion des jeunes et des femmes.
La particularité de cette programmation est qu’elle répond simultanément à des urgences (eau, déchets) et à des enjeux de long terme (mobilité, cohésion sociale, transition écologique). Il s’agit là d’un tournant : la région ne segmente plus ses politiques publiques, elle les orchestre autour d’un projet global de résilience et d’attractivité.
Vers un “modèle Casablanca-Settat” ?
Avec plus de 80 projets validés lors de cette session, pour une enveloppe régionale supplémentaire de 22 milliards de dirhams, le Conseil présidé par Abdellatif Maâzouz affirme sa volonté de faire de Casablanca-Settat une région pilote en matière de gouvernance territoriale avancée. Le choix assumé de lier LGV, RER, accès à l’eau, et développement social dans une logique de complémentarité intersectorielle pourrait à terme inspirer d’autres régions du Royaume.
Ce modèle intégré, couplant grands investissements structurants, inclusion sociale et planification environnementale, préfigure l’émergence d’un urbanisme régional de nouvelle génération : interconnecté, durable, et piloté localement.
En articulant infrastructures majeures et réponses locales aux vulnérabilités, Casablanca-Settat démontre qu’une région peut devenir un acteur stratégique de transformation nationale. Cette session n’a pas seulement validé des projets : elle a validé une vision territoriale ambitieuse, où les enjeux d’efficacité, d’équité et de durabilité se répondent dans une cohérence d’ensemble. Une étape décisive dans l’évolution de la gouvernance régionale au Maroc.
